lundi 8 mai 2023

Appel inconnu

 Je voudrais évoquer ici un effet de la technique sur nos comportements.

Lorsqu’un smartphone - outil soi-disant intelligent - reçoit un appel d’un numéro qui n’est pas enregistré dans ses contacts, il affiche « inconnu ».

Le mot « inconnu » sonne déjà un peu comme « inquiétant », voire pour pour les plus méfiants comme « ennemi ».

Quoiqu’il en soit, l’alerte « inconnu », associée à la surprise et à l’urgence de devoir prendre une décision (répondre ou non), fait que le plus souvent, l’utilisateur ne répond pas à l’appel.

D’ailleurs, pour la plupart des gens, cette décision a été automatisée. Il est rare qu’on attende l’appel pour se poser la question. En général, pour ne pas être pris au dépourvu, on a pris en amont le temps de réfléchir : «  Que dois-je faire, avec les appels « masqués » ? et, en général, la décision réfléchie de rejeter ces appels est prise une bonne fois pour toutes.

Or, ce n’est pas anodin.

À quel risques s’expose-t-on vraiment en prenant en prenant l’appel ?

Concédons qu’il n’est pas très agréable de devoir répondre à un appel publicitaire ou à une tentative d’arnaque. Mais n’est-on pas libre de raccrocher après avoir évalué l’appel ? Et même libre de bloquer un numéro si nécessaire ?

Ces petits désagréments possibles sont à mettre en balance avec les conséquences de la décision de suivre l’injonction de la machine : « Rejette l’inconnu ! »

La perte d’humanité contenue dans le fait de déléguer à la machine le droit de décider s’insinue insidieusement à travers ce vocabulaire.

Soit dit en passant, s’il y existe effectivement des appels indésirables qui nous poussent à ne pas décrocher, c’est le plus souvent de la publicité. Or qui s’étonnera que le petit coup de pouce pour nous inciter encore plus à aller dans le sens de la machine, vienne de la publicité, ce pilier du système machinal ?

En fait, le mot « inconnu » qui s’affiche sur l’écran signifie seulement que le numéro qui appelle ne fait pas partie de la liste de mes contacts enregistrés.

D’abord ce n’est pas parce qu’un numéro n’est pas enregistré dans la liste des contacts du téléphone que c’est forcément une personne inconnue qui appelle : c’est peut-être un ami dont on n’avait pas encore le numéro. Ce peut être un ami en panne de batterie qui utilise le portable de quelqu’un d’autre. Ce peut être un vieil ami que l’on n’a pas revu depuis longtemps… Ce peut être un proche qui vient de changer de numéro...

Ensuite même si c’est un inconnu qui appelle, ce n’est pas forcément un ennemi.

Ce n’est pas parce que la personne qui appelle nous est inconnue que c’est un ennemi (Tous nos amis n’ont-ils pas commencé par être des inconnus?)

Ce peut être une personne qui a besoin d’aide… Ce peut être une urgence… Ce peut être une bonne nouvelle. Ce peut être une belle opportunité…

Mais l’inconnu fait peur. L’imprévu n’a pas sa place dans le monde numérique. La machine nous fait insidieusement associer inconnu et indésirable. On peut pourtant imaginer mille cas où si on répondait à l’appel, on ne le regretterait pas. Et dix-mille cas où on pourrait regretter de n’avoir pas répondu.

L’inconnu de la machine n’est pas mon ennemi. Je ne suis pas la machine.

La décision de prendre l’appel ou non devrait appartenir à chacun de nous. Certes. Loin de moi l’idée de culpabiliser les personnes qui feraient en toute conscience le choix automatisé de ne pas prendre les appels masqués. D’abord parce que ça me fâcherait avec à peu près tout le monde.

Mais surtout parce que mon message est tout autre.

Ce que je veux montrer, c’est que ce choix n’est pas fait librement par l’humain. Ce que je que je veux montrer, c’est que c’est la machine qui nous impose sa vision.

C’est la machine qui impose discrètement son vocabulaire (« inconnu », « masqué », « indésirable »). Et ce vocabulaire n’est pas neutre. C’est la machine qui nous oriente vers une certaine décision, vers un certain comportement. Ce choix fait insidieusement par la machine à notre place est loin d’être neutre. C’est un choix qui favorise une attitude de précaution, qui élimine les risques. C’est le choix de la fermeture et de la sécurité contre celui de l’ouverture et de la liberté. Peu à peu, ce choix s’instille dans nos habitudes, banalise les comportements de méfiance et de rejet de l’autre. Ce choix n’est pas anodin et nous pousse à agir dans un certain sens. Et ce sens n’est pas exactement celui de l’humanité.



mardi 4 octobre 2022

Comment les idées des peuples évoluent-elles ?

Comment les idées des peuples évoluent-elles avec l’apport d’idées importées ?

Le rôle du langage, du vocabulaire, des erreurs de logique, des accents, …

L’évolution progressive de la langue, puis des idées, des valeurs, des modes de vie, des mœurs, du consensus social, du pacte républicain …

Les changements progressifs des croyances philosophiques, spirituelles, religieuses, …

Ces changements d’apparence anodins et innocents peuvent-ils conduire à des dérives dangereuses et déboucher à la longue sur des conséquences gravissimes, des pertes d’identité, une colonisation larvée, cachée ?

A l’opposé, la résistance à ces changements progressifs ne conduit-elle pas à une sclérose des idées et un blocage mortifère ?

Ne risque-ton pas d’en arriver à se braquer sur des idées rigides qui pourraient déboucher sur un nationalisme stérile ?

Le contact tracing

Oui, mais certains habitants n’ont pas de smartphone, ou n’ont pas activé la géolocalisation, ou n’ont pas leur smartphone sur eux ? Comment optimiser le système ?

Dans un souci de sécurité, pour que le système soit sans faille, on en viendra progressivement à :

1- Création d’un service d’État pour la géolocalisation, indépendant de toute firme privée et/ou étrangère (Google Maps)

2 - Obligation d’avoir un smartphone

3 - Obligation de le prendre quand on sort

4 - Obligation d’activer la géolocalisation

L’interdiction de sortir sans son smartphone. Puis devant les difficultés matérielles qui seront avancées, la dématérialisation de l’outil s’imposera. Cela signifie les implants, le cyborg.




On y vient. Lentement, mais sûrement.

Un des privilèges de l’âge

Un des privilèges de l’âge concerne l’amour, l’amitié et les autres relations humaines.

Tout le monde se transforme avec l’âge. Mais ces évolutions sont souvent lentes et ce n’est qu’après de nombreuses années que l’on peut connaître la version tardive d’une personne. Les gens changent d’abord physiquement et c’est le plus facile à observer. Les corps changent. Certains prennent du poids, d’autres se courbent. Souvent aussi, les traits du visage s’enlaidissent. Le nez grossit, les joues tombent, la bouche se tord, les yeux rétrécissent… De plus, les gens changent aussi en caractère, en intelligence, en vivacité d’esprit. Enfin, leurs opinions politiques, leurs activités sociales, leurs goûts artistiques, leur sens de l’humour, tout cela aussi est susceptible de rendre ces gens moins attrayants qu’ils ne l’étaient.

Tout le monde ne se dégrade pas forcément. Heureusement, les évolutions se font parfois dans le sens d’une bonification, au moins en ce qui concerne le portrait moral d’une personne.

Comme le bon vin, certain-e-s qui étaient fougueux-ses et précipité-e-s sont plus posé-e-s et serein-e-s avec l’âge.

Certain-e-s qui étaient moches, se sont embellis jusqu’à devenir très charmant-e-s ou séduisant-e-s. Je pense à la fable du Vilain Petit Canard ou à une personne bien réelle comme Marylin Monroe.

Il arrive cependant que l’on soit amené des années après, à croiser certaine fille ou certain garçon, amour ou amitié de jeunesse, que l’on regrettait d’avoir laissé partir. Le premier regard suffit alors à effacer ce regret. Et même lorsque le physique n’a pas décliné plus que la moyenne, quelques paroles échangées auront tôt fait de faire tomber de haut celui ou celle que l’on mettait sur un piédestal. Si l’exemple ici concerne les personnes perdues de vue, il en va tout autant des amis que l’on continue à fréquenter régulièrement. Tous, nous changeons. Et pas forcément en mieux.

Si certains peuvent décider que le physique n’a qu’une importance minime, il sera toujours difficile de passer outre les défauts de caractère d’une personne avec laquelle on n’a plus rien en commun et avec laquelle chaque rencontre devient pénible.

Le privilège de l’âge que j’évoque ci-dessus consiste dans la capacité à identifier des constantes, ou au moins, de fortes probabilités que les gens se dégradent ou se bonifient. Jusqu’à même pouvoir repérer les facteurs qui font qu’une personne se dégrade ou qu’une autre se bonifie.

Ou plus exactement, c’est l’habitude de voir les personnes se dégrader ou se bonifier, tout en croisant ces changements avec des causes possibles, qui permet de dire que tel comportement, tel environnement est probablement néfaste, et que tel autre au contraire a de bonnes chances de rendre la personne meilleure.

Publication dans une revue scientifique

Dans un monde ou la science a pris la place de la religion, ou le matérialisme scientifique a phagocyté l’espace et remplacé le spirituel, l’irrationnel, le ressenti, l’improuvé, le dogme religieux laisse la place aux lumières de la science.


La publication dans une revue scientifique devient le mètre étalon de la vérité.


Dès lors, prendre le contrôle de la publication dans ces revues permet de manipuler la vérité.

Cela ne nécessite pas forcément de posséder ou de maitriser ces revues, mais plus exactement de contrôler les critères des juges qui ouvriront les pages de ces revues et les critères des scientifiques qui réalisent les études et rédigent les articles.


Au delà encore, c’est toute la filière scientifique de la formation universitaire, voire même scolaire, jusqu’à la consécration par la nobelisation, qui pourrait être corrompue.


En effet, les prix scientifiques, Nobel ou autre, consacrent la vérité.



Les tendances à l’aube des années 2020

« Les gens ont l’impression qu’on ne leur dit pas tout et qu’on ne leur dit pas la vérité. »

Les écarts se creusent. Les inégalités progressent.

Le fossé se creuse entre la population et la police.

Le chemin de crête est de plus en plus étroit entre le camp des racailles et celui des fachos.

Chacun se sent autorisé à contester l’autorité. On en retire même une certaine fierté, un certain prestige… Contester, protester, manifester, c’est à la fois une manière de faire montre d’esprit critique, en résistant à la manipulation de masse, et de faire preuve de courage, en s’érigeant en défenseur des libertés universelles et pour le bien de l’humanité.

Parents, professeurs, patrons, police… toutes les autorités sont contestées.

Les jeunes s’opposent aux vieux. Exacerbation manichéenne des oppositions : ancien monde/nouveau monde…

Les féministes s’extrémisent : défense et promotion de la GPA, féminisme de 3e génération (ou de la troisième vague) ...

Les LGBT s’extrémisent : défense et promotion de la GPA

Les antiracistes s’extrémisent : réunions réservées aux racisés ; concept de racisme systémique ; négation du racisme anti-blanc…

Les écarts se creusent entre les consommateurs, dans leurs exigences, notamment alimentaires, et les industriels...

L’écart se creuse entre les moyens de l’information (édition, presse, radios, télés, internet et réseaux sociaux…)

En toute chose, le plus souvent, partout il faut s’efforcer d’établir et de développer partout des terrains d’entente. C’est ce travail de diplomatie qui devient de plus en plus difficile.

Aujourd’hui, l’espace du consensus se fait de plus en plus rare.

Les idées et les militants

15 mai 2020

Comment les idées naissent-elles ?

Ou comment sont-elles générées par les hommes ?

Comment les hommes se fabriquent-ils des idées ?

Quelle est la genèse des idées ?


Toutes les idées ne se valent pas. Il y en a de bonnes et il y en a de mauvaises.


Il n’est pas juste de juger de la valeur d’une idée en fonction de sa genèse.

Car toute idée a une valeur intrinsèque, indépendamment de sa genèse.


Il est néanmoins intéressant de déceler la nature d’une idée en fonction de son émetteur : création originale ou simple reproduction ?


Le développement des idées :


Théoriquement, la valeur intrinsèque d’une idée est également indépendante de sa diffusion.

Or ce n’est pas le cas dans le monde réel.

Parmi les hommes, la force d’une idée se mesure à sa capacité à essaimer, à se répandre, à être reprise et adoptée par le plus grand nombre.


En politique notamment, le nombre fait la force. Plus une idée sera répandue, plus on dira qu’elle est forte. La démocratie s’est construite sur cette réalité.


Une des mauvaises raisons des hommes pour se faire des idées est leur volonté de se faire accepter dans un groupe. Pour intégrer un groupe, il est souvent nécessaire et toujours utile d’adopter les codes, les valeurs, les comportements et les idées de ce groupe.

C’est souvent inconsciemment que ces changements sont opérés. Lorsqu’ils sont conscients, ces changements sont perçus positivement puisqu’ils permettent ou facilitent l’intégration dans le groupe que l’on a (librement?) choisi d’intégrer. Justement pour les idées que ce groupe porte, pour les objectifs qu’il poursuit et aussi pour les luttes qu’il mène.


Cependant, une idée adoptée dans le seul but d’intégrer un groupe ne me paraît pas avoir la même valeur qu’une idée individuellement créée ou issue du débat constructif, découverte par un raisonnement logique et intellectuellement honnête, d’une réflexion profonde et rigoureuse, d’une pensée sincère et bienveillante, et qui peut être facilitée par la méditation. La première n’est qu’un moyen de renforcer un groupe qu’on a choisi pour ses luttes militantes dont on pense qu’elles vont changer le monde pour le rendre meilleur (selon nos critères subjectifs). Alors que la seconde est un dessein, une finalité en soi et qui n’a d’autre but que la révélation de la vérité, ou la mise à jour de la connaissance du monde donné.


L’archétype du militant est le supporter. Bête et discipliné.


Le militant est comme le supporter  : il a délégué, abandonné au groupe le travail de réflexion. Il a renoncé à tout ou partie de son esprit critique vis-à-vis de son groupe. Dans le meilleur des cas, il l’a amoindri, affaibli, mis en sourdine. Car tout son esprit critique s’est mué en force rigide au service du groupe. Il ne pense plus puisque sa pensée est remplacée par son objectif à atteindre et vers lequel tous ses muscles sont tendus. Son esprit militant est justement concentré et focalisé contre une cible unique qui est celle du groupe. Tous ses arguments sont un catéchisme appris par cœur et apporté tout fait par d’autres dans le groupe. L’individu militant ne pense plus par lui-même. Il se contente d’apporter sa voix, ses actions, sa force au groupe. Il en est devenu un élément interchangeable.


Lorsqu’il devient conscient de ce problème, le militant rebelle peut avoir pour ambition d’apporter un jour ses propres idées au groupe. Il confirmera ainsi la nature hiérarchisée du groupe : ceux qui apportent les idées, ceux qui les défendent. Les théoriciens et les militants de base.

Il constatera alors combien il lui est difficile et couteux de prétendre monter dans la hiérarchie. Il lui faudra beaucoup de patience. On lui indiquera où se trouve la file d’attente. Il constatera qu’elle est interminable. S’y étant rangé avec discipline, il ne tardera pas à remarquer que certains bénéficient de passe-droit et de coupe-file. Il questionnera, se fera des amis dans la file.


Au prix de quels compromis, de quels renoncements, et de quels sacrifices devra-t-il passer pour espérer un jour exprimer ses idées dans le groupe ?

Certains couchent, d’autres paient. D’autres mentent, trichent, volent, ou tuent. La plupart prennent des libertés avec la vérité, l’honnêteté, la justice, le droit. Ils se persuadent en silence que la lutte est bonne et que d’autres, plus haut se chargent de la théoriser. La cause a besoin d’exécutants. Ceux-ci seront récompensés en temps voulu. Peut-être.


Citations :


1- "Qui suit un autre il ne suit rien. Voire il ne cherche rien" Montaigne


2- Thomas Jefferson


3- La pensée est comme un éclair dans une longue nuit ; mais c’est cet éclair qui est tout. » Henri Poincaré


Appel inconnu

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